Définition : le massage rythmique à finalité thérapeutique est un ensemble de techniques fondées sur les préceptes de la médecine anthroposophique.
Principe : la médecine anthroposophique conçoit le corps humain dans sa globalité (corps - âme - esprit) en décrivant quatre éléments constitutifs : corps physique, corps éthérique, corps astral et organisation du Je[1,2,3]. En découle une tripartition fonctionnelle de l'organisme (neuro-sensorielle, rythmique et métabolique) sur laquelle agissent les manœuvres de massage, en liant et déliant chaque pôle, afin de remédier à un déséquilibre pathogène[2,3,7]. Pour ce faire, celles-ci combinent les techniques du massage suédois (effleurage, pétrissage, etc.) à des gestes plus spécifiques (aérages et mouvements en lemniscate)[4,8]. L'aspect rythmique se réfère aux rythmes vivants propres au corps, comme le pouls et la respiration, qui déterminent alors ceux des manœuvres du thérapeute[5,9]. La portée artistique de ces dernières tient dans l'effet que leur action rythmique sur le corps physique, structurée telle une œuvre musicale, peut induire sur la dimension psycho-spirituelle de l'individu[5,10,11]. Apparaît ainsi une forme d'art-thérapie dont la vocation, comme celle de l'Art en général, est de renforcer le sentiment d'être[13].
Origine : on doit la création du massage rythmique thérapeutique à la doctoresse hollandaise Ita Wegman (1876 - 1943) qui, sous l'égide de Rudolf Steiner (1861 - 1925), fondateur de l'Anthroposophie, se chargea de conceptualiser cette dernière dans le domaine de la santé[1,2,6]. Elle fonde alors en 1921 à Alersheim (Suisse) une clinique qui deviendra le berceau de la médecine anthroposophique. C'est là qu'elle élabore les principes et techniques du massage rythmique autour d'un enseignement pratique, théorique et artistique destiné aux auxiliaires médicaux[6,10]. De 1929 à 1940, elle se fait assister par la doctoresse allemande Margarethe Stavenhagen-Hauschka (1896 - 1980) qui hérite du développement des thérapies artistiques, comprenant notamment le massage. Après la guerre, en 1962, Margarethe Hauschka créé l’École de Thérapie et de Massage Artistiques à Boll (Allemagne)[10,12]. D'autres établissements de formation ouvrent alors en Europe puis en 1994 nait en Suisse une première association professionnelle de thérapeutes en massage rythmique qui œuvrera à sa reconnaissance par les institutions du pays comme méthode de thérapie complémentaire. C'est chose faite en 2020, autorisant ainsi le mise en place dès l'automne 2022 d'une formation reconnue[6].
Définition : le massage rythmique à finalité artistique est une méthode de massage synchronisant ses mouvements sur le rythme de la musique.
Principe : le massage rythmique à finalité artistique emprunte ses techniques dans une bibliothèque prédéfinie de mouvements issus du massage classique mais aussi asiatique ou californien[14,15,16]. Rien qu'avec ce dernier, lui-même enrichi de techniques supplémentaires, le massage rythmique compte pas moins de 250 mouvements différents, précis et répertoriés, calqués sur plus de mille musiques différentes à la note près[17,18]. En effet, tous les mouvements effectués du début à la fin du massage sont associés à la musique diffusée en même temps, et coordonnés suivant son rythme bien-sûr mais aussi son intensité[22,23]. A l'image d'une prestation de patinage artistique, c'est dans cette synchronisation parfaite qu'apparait la beauté artistique du massage[17,18]. Ainsi, lorsque dans leur interpénétration, les rythmes de la musique, du sujet massé et des gestes du masseur se mettent au diapason, nait la magie de l'instant, l'expression d'un toucher juste[19,24]. Le caractère artistique du massage rythmique se révèle alors quand ce dernier parvient à atteindre ce moment inoubliable où celui qui reçoit, comme celui qui pratique, se sent porté et transcendé[18].
Origine : comme la plupart des disciplines qui font de la recherche du bien-être leur raison d'être, cette forme artistique du massage prend sa source aux Etats-Unis, et précisément en Californie, dans le courant new-age des années 1960[26]. C'est là, à l'Institut Esalen, un centre de développement personnel, que grandit sous l'impulsion de la psychothérapeute Charlotte Selver (1901 - 2003) le concept de "sensory awareness" (conscience sensorielle), le fondement de la triade "corps-mental-esprit"[27,28,29]. Ce concept, associé à la Gestalt-therapie du psychanalyste Friedrich Perls (1893 - 1970)[30], séduira alors nombre de praticiens en thérapies psycho-corporelles, et notamment Margaret Elke (1919 - ?) qui s'en inspirera pour élaborer en 1968 le "Sensitive Gestalt Massage"[31]. Dès 1974, Margareth Elke choisi d'enseigner sa méthode en Europe et particulièrement en France où celle-ci prend le nom plus attractif de "massage californien". L'un de ses élèves les plus assidus se nomme Guy Dumont[17,19,20]. A la fin des années 1980, il décide de remplacer l'accompagnement psychothérapique verbal par une musique sur laquelle il synchronise les manœuvres du massage[17,18,23]. En effet, les progrès technologiques en matière de Hi-Fi (cassettes, CD) autorisant désormais
l'écoute d'un enregistrement audio durant plusieurs dizaines de minutes
sans interruption, la musique, qu'elle soit diffusée à dessein ou pour meubler, se fait alors l’auxiliaire du masseur. Au cours des trente années suivantes, Guy Dumont n'aura de cesse de perfectionner la qualité de son toucher, créant une méthode d'exercices de la main et des doigts : le "DiGiQiDo"[21,25]. Il continue simultanément de promouvoir sa pratique artistique du massage durant ses séminaires de formation, mais aussi lors de démonstrations publiques (la première en 1992) dans des congrès d'esthétique et salons du bien-être[17]. Les années 2000 voient enfin d'autres praticiens en massage rythmique lui emboiter le pas, comme Gilles Horclois, Sylvie Barthol, Alexandra Chatel ou Mickaël Denis[14,15,32].
Définition : un massage symphonique est une œuvre de massage à finalité artistique dont la musique a inspiré la chorégraphie des manœuvres.
Principe : le massographe, créateur d'un massage symphonique, s'inspire d'une pièce musicale pour la transposer sous la forme de manœuvres de massage en observant non seulement le tempo de la musique, comme en massage rythmique, mais également l'intensité et le timbre des instruments, le rythme des notes et la composition mélodique. Ainsi, cette pièce musicale donne lieu à une œuvre de massage originale puisqu'à chaque phrasé musical correspond une chorégraphie particulière de mouvements. Toute la dimension artistique du massage symphonique vient de l'expression de ce récit sensoriel en corrélation avec la musique, à l'instar d'une danse ou d'un ballet. Le massographe laisse alors libre cours à son imagination, en puisant dans l'infinité de combinaisons de techniques de massage, modes d’application et nuances d'exécution à sa disposition, pour transmettre des émotions au sujet massé et mettre en œuvre un récit sensoriel. Il peut d'ailleurs retranscrire celui-ci dans une massographie, un support sur lequel il aura noté ses gestes de massage afin de partager sa création à toute la communauté des artistes masseurs.
Origine : durant les décennies qui suivirent l'avènement du new-age et de la conscience sensorielle dans les années 1960-70, certaines disciplines psycho-corporelles (tel le massage californien) ont mué en simples massages de relaxation et de confort, édulcorant leur caractère psychothérapique afin de toucher un plus grand public, tout en préservant cette harmonie corps-mental-esprit. Ce faisant, elles ont ouvert la voie à l'essor d'un champ du massage encore resté confidentiel : le bien-être[26]. S'y engouffrent alors nombre de praticiens de tous horizons : des thérapeutes, eux-mêmes formé·e·s par les pionniers de ces disciplines, et par la suite des esthéticien·ne·s comme des professionnel·le·s de santé. C'est ainsi le cas de Patrick Foury, masseur-kinésithérapeute, qui depuis 40 ans enseigne à ses consœurs et confrères le "massage californien kinesthésique", un massage global relaxant
adoptant un rythme doux et régulier calqué
sur une musique relaxante[33]. En 2005, parmi ces masseurs-kinésithérapeutes déjà rompus au massage classique (suédois) mais désirant découvrir une approche nouvelle, se trouve un jeune diplômé, Florent Deles. Celui-ci expérimente naturellement, comme beaucoup de masseurs travaillant avec la même musique, ce phénomène de synchronisation spontanée des mains sur le rythme des notes. De nature mélomane, il décide alors de concevoir des chorégraphies de massage en partant cette fois-ci de la partition d'une musique instrumentale pour y poser dessus des manœuvres. Il met ainsi à profit ses connaissances musicales afin d'élaborer un système de notation des gestes de massage, la "Massographie", qui constitue un outil essentiel au massage symphonique, au même titre que le solfège ou la notation Laban et Benesh le sont pour la musique ou la danse. De ce syncrétisme entre musique et massage naissent deux créations artistiques : en 2007, le massage rythmique "French Touch" sur la musique électronique de Ludovic Navarre puis en 2012, le massage symphonique "Virtuoso" sur huit pièces de musique classique (du baroque au romantisme). En octobre 2021, Florent Deles débute les premiers ateliers de massage artistique et depuis lors, son crédo sera l'intégration de la pratique artistique du massage au monde de l'Art et de la Culture, de sorte à ce que celle-ci soit enfin reconnue comme discipline à part entière de l'Art vivant.
© 2022 Florent DELES. Toute référence à cet article doit porter la mention :
"DELES Florent - « Les différentes formes artistiques du massage », Massage artistique & Massographie (www.massage.art), 2022".
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